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afin de la sécher. La longueur des pièces est de quatre à six pieds ; mais il y en a de plus grandes ; leur largeur est moindre de moitié. L’étoffe est alors remise à une autre personne qui réunit les pièces, en les enduisant du suc visqueux d’une baie appelée toou. Quand l’étoffe a la longueur qu’on veut lui donner, on la place sur une grande pièce de bois au-dessus d’une empreinte composée de substances fibreuses tissues d’une manière très-serrée : l’ouvrière plonge un chiffon dans le suc de l’écorce d’un arbre nommé kokka ; et elle en frotte l’étoffe, qui prend une couleur brune et qui devient lustrée : l’empreinte sur laquelle porte l’étoffe me parut destinée seulement à coller davantage les divers morceaux. On continue ces opérations du collage et de la teinture jusqu’à ce que l’étoffe ait la longueur et la largeur nécessaires ; les côtés offrent ordinairement une bordure d’un pied de largeur, qui n’est pas peinte, et il y en a une seconde plus large aux deux extrémités. Si quelques parties sont trop minces ou trouées, ce qui arrive souvent, on y colle des pièces qui la rendent partout de la même épaisseur. Pour avoir une couleur noire, les naturels mêlent la suie d’une noix huileuse, appelée douédoué, avec le suc du kokka. La proportion de ce mélange varie selon la teinte qu’ils désirent. Ils disent que l’étoffe noire, communément la plus lustrée, donne un vêtement frais ; et que la première est plus chaude. Ils ne manquent pas, pour renforcer l’une et