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l’intérieur du pays. Nous eûmes occasion de voir de quelle manière les insulaires fabriquent leurs étoffes ; nous étudiâmes ainsi la principale manufacture de ces îles et de la plupart des autres du grand Océan. J’ai décrit fort en détail, dans mon premier voyage, la méthode que suivent les Taïtiens : comme celle des îles des Amis est différente à quelques égards, je crois devoir en parler.

» Les femmes chargées de ce travail prennent d’abord les tiges ou les troncs du mûrier à papier, qu’on cultive pour cet objet, et qui arrivent rarement à plus de six ou sept pieds d’élévation, et à plus de quatre pouces de grosseur : elles en ôtent l’écorce, dont elles raclent ensuite les parties grossières avec une coquille de moule. Afin de détruire la convexité qu’a prise l’écorce autour de la tige, elles la roulent en sens contraire, et elles la font macérer dans l’eau (on m’a dit qu’on la laisse tremper une nuit) ; on l’étend alors sur un tronc d’arbre ; on la bat avec un instrument carré de bois, qui a environ un pied de longueur, et qui est rempli de grosses rainures, de tous les côtés, et quelquefois avec un instrument qui est uni. L’étoffe est bientôt fabriquée, mais on la remet souvent sur le métier ; on la déroule, on la replie à diverses reprises, et on la bat de nouveau : il semble que le but de ces opérations successives est d’en resserrer plutôt que d’en amincir le tissu : dès que le premier travail est achevé, on étend l’étoffe