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attachées six touffes assez grosses de plumes rouges. Nous jugeâmes qu’il avait pris ce vêtement pour nous le donner ; car, dès qu’il fut à bord, il l’ôta et il me l’offrit. Il avait sans doute ouï dire que les plumes me feraient plaisir. Chacun de mes hôtes reçut de moi des présens qui parurent les enchanter. Lorsque le dîner fut servi, ils ne voulurent ni s’asseoir à table, ni manger. Je leur témoignai ma surprise, et ils me dirent qu’ils étaient tabou : ce mot a bien des acceptions ; mais, en général, il signifie une chose qui est défendue. On ne nous expliqua point pourquoi ils s’imposaient cette réserve. Après dîner, on leur montra toutes les parties du vaisseau ; et lorsque leur curiosité fut satisfaite, je les reconduisis à terre.

» Dès que mon canot eut atteint le rivage, Finaou et quelques autres en sortirent. Le jeune Fettafaihé, voulant les suivre, fut rappelé par Mariouaghi, qui rendit à l’héritier présomptif de la couronne les hommages que je lui avais vu rendre au roi. On permit à Fettafaihé de débarquer, après que le vieux Toubaou et une des femmes âgées dont j’ai parlé plus haut lui eurent donné les mêmes marques de respect. Quand cette cérémonie fut achevée, tous les insulaires quittèrent mon canot, et passèrent dans une pirogue qui devait les conduire à leur résidence.

» Je fus bien aise de les avoir ramenés moi-même sur la côte, car je vis clairement que Paoulaho et son fils étaient au-dessus de tous