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des îlots et de la théorie que j’adopte, c’est la gradation insensible que l’on observe dans les plantes des rivages de ces terres, depuis un point qui n’est éloigné que de quelques pouces de la marque de la marée haute, jusqu’au bord des bois. On voit de la manière la plus évidente, en plusieurs endroits, et surtout sous le vent, ou à la côte occidentale, que ces plantes ont poussé à des époques différentes. Je pense qu’elles doivent leur origine à des marées extraordinairement hautes, produites par des coups de vent impétueux de l’ouest ; que ces marées ont accumulé du sable au delà de la ligne où s’arrêtent les marées ordinaires, et qu’ensuite le mouvement régulier et imperceptible de ces dernières marées a jeté assez d’autre sable pour former une barrière contre les marées très-hautes, et empêcher les flots et la tempête de venir aussi loin qu’ils arrivaient précédemment, et de détruire les plantes qui commencent à végéter, telles que les cocos, les racines et les graines apportées par les oiseaux, ou poussées par les vagues. Cette transplantation doit arriver très-souvent ; car nous vîmes beaucoup de cocos et d’autres semences qui germaient tout près du point où la mer vient aujourd’hui, et dans des lieux où il était clair que ces fruits ne provenaient pas des plantes qui se trouvaient plus voisines du centre de l’île, et qui avaient acquis toute leur croissance. La multiplication des végétaux augmente rapidement la hauteur d’une terre nouvelle