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marques, qu’il nous soit permis de faire une réflexion que suggère ce phénomène. L’Océan, parsemé de myriades d’animalcules doués de la vie, du mouvement et de la faculté de briller dans les ténèbres, ou de reprendre leur opacité naturelle, pénètre l’esprit du spectateur d’étonnement et d’admiration, et il est impossible de décrire cette merveille comme elle le mériterait.

» La première espèce de lumière semble produite par une cause absolument différente de celle des autres ; et, s’il m’est permis de dire mon opinion sur ce sujet, je crois que cette lumière provient de l’électricité. On sait que le mouvement d’un vaisseau dans les flots, par un vent frais, est très-vif, et qu’il a beaucoup de frottement ; car la mer, qu’agite un coup de vent, est beaucoup plus chaude que l’air. Les substances bitumineuses qui couvrent les côtés du vaisseau, les clous attachés au fond, et l’eau qui sert de conducteur, expliquent d’ailleurs ces effets électriques.

» La seconde espèce paraît être une véritable lumière phosphorique : plusieurs corps animés se pourissent et se dissolvent dans l’Océan, et presque chaque partie des corps animés, la plupart des minéraux, et l’air lui-même, contiennent l’acide du phosphore comme partie intégrante : tous ceux qui ont vu du poisson salé sécher doivent savoir que ce poisson devient presque toujours phosphorique. C’est aussi un fait bien établi, que la mer elle-même,