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générale vers l’endroit où parlaient les Indiens ; mais connues nos armes étaient humides, les fusils ne partirent pas. Ce qu’il y a de pis, la pluie commença à tomber, nos munitions étaient plus qu’à moitié consommées, et nous laissions six grandes pirogues derrière nous. Avec tant de désavantage, je ne crus pas devoir m’avancer plus loin, uniquement pour goûter le plaisir de la vengeance.

» En passant entre deux îles rondes situées au sud de la baie, nous crûmes entendre quelqu’un qui nous appelait : on cessa de ramer, nous écoutâmes ; mais aucun bruit ne frappa nos oreilles. Il est probable que M. Rowe et tous ses camarades avaient été tués sur le lieu.

» Les malheureux qui furent ainsi massacrés étaient M. Rowe, M. Wood-House, François Murphy, quartier-maître, Guillaume Facey, Thomas Hill, Michel Bell, et Edouard Jones, Jean Cavenaux, Thomas Milton, et Jacques Sevilley, valet du capitaine. La plupart étaient de mes meilleurs matelots, très-robustes et d’une bonne santé. M. Burney rapporta à bord deux mains : l’une de M. Rowe, qu’on reconnut à une cicatrice ; l’autre, de Thomas Hill, comme on l’a déjà dit ; et la tête de Jacques Sevilley. On les enveloppa dans un hamac, et on les jeta à la mer avec assez de lest et de boulets de canon pour les faire tomber au fond. M. Burney ne retrouva point d’armes, mais seulement des lambeaux d’une paire de culottes, un habit et six souliers. »