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» Tandis que nous contemplions ces déplorables restes sans pouvoir nous en séparer, M. Fanin nous héla, pour nous avertir qu’il voyait les sauvages se rassembler dans les bois ; nous retournâmes sur-le-champ au canot, et, traînant avec nous les pirogues des Indiens, nous en détruisîmes trois. Sur ces entrefaites, le feu du sommet de la colline disparut ; nous entendions les Indiens parlant fort haut dans les bois ; je crois qu’ils se disputaient pour savoir s’ils nous attaqueraient et s’ils essaieraient de reprendre leurs pirogues. Comme il se faisait tard, je descendis de nouveau à terre, et je regardai encore une fois derrière la grève, afin de voir si le canot du malheureux M. Rowe avait été traîné dans les buissons ; mais comme je ne l’aperçus point, je me mis en route pour le vaisseau ; toutes nos forces auraient à peine suffi pour monter la colline , et c’eût été une témérité folle de nous hasarder dans l’intérieur du pays avec la moitié du monde que j’avais, car il fallait en laisser une moitié pour garder le canot.

» En débouquant de la partie supérieure du canal, nous découvrîmes un très-grand feu environ trois ou quatre milles plus haut ; il formait un ovale complet, s’étendant du sommet de la colline presqu’au bord de l’eau. Je consultai M. Fanin ; nous fûmes tous deux d’avis que nous ne pouvions espérer que la triste satisfaction de tuer quelques sauvages de plus. En laissant l’anse, nous avions fait une décharge