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tinuaient à pousser des cris, et nous invitaient par signes à débarquer. Dès que nous fûmes près de terre, nous fîmes une décharge générale. La première volée ne parut pas leur causer une vive impression ; mais à la seconde, ils décampèrent le plus vite qu’ils purent, et quelques-uns poussèrent des hurlemens. Nous continuâmes à tirer des coups de fusil, tant que nous en aperçûmes quelques-uns à travers les buissons. Deux des Indiens, très-grands et très-forts, ne pensèrent à s’en aller que lorsqu’ils furent abandonnés par tous leurs compatriotes ; ils se retirèrent ensuite avec beaucoup de sang-froid : leur fierté ne leur permettait pas de courir. L’un d’eux cependant tomba, et resta étendu, ou bien se traîna sur les pieds et les mains pour se sauver : l’autre échappa sans paraître blessé. Je débarquai ensuite avec les soldats de marine, et M. Fanin resta pour garder le canot.

» Sur la grève, je trouvai deux paquets de céleri qu’avait cueillis M. Rowe pour en charger son canot. Un aviron brisé était fiché en terre ; les naturels y avaient attaché leurs pirogues, preuve que l’attaque s’était passée en ce lieu. Je fis alors des recherches soigneuses derrière la grève, pour voir si le bateau s’y trouvait ; bientôt une scène affreuse de carnage s’offrit à nos yeux : les têtes, les cœurs et les poumons de plusieurs de nos gens étaient épars sur le sable, et à peu de distance les chiens rongeaient leurs entrailles.