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mandai des nouvelles de la chaloupe ; ils répondirent qu’ils n’en savaient point. Ils semblaient tous bien intentionnés, et nous vendirent du poisson. Une heure après notre départ de cette plage, je remarquai sur une petite grève une grande double pirogue qui venait d’y échouer, avec deux hommes et un chien. Dès que les naturels nous aperçurent, ils sortirent de leurs pirogues et s’enfuirent dans les bois. J’espérais qu’on me donnerait dans ce lieu des nouvelles du canot de M. Rowe. Nous allâmes à terre, nous y trouvâmes des débris du canot, et des souliers, dont l’un fut reconnu pour avoir appartenu à M. Wood-House, un de nos midshipmen. Un matelot m’apporta en même temps un morceau de viande, croyant que c’était de la viande salée qu’avait emportée l’équipage du canot ; mais en l’examinant et la sentant, je trouvai qu’elle était fraîche. M. Fanin (le maître d’équipage), qui m’accompagnait, supposa que c’était de la cbair de chien. J’adoptai son opinion, car j’ignorais encore que cette peuplade fût cannibale ; mais la preuve la plus horrible et la plus incontestable nous en convainquit bientôt.

» Apercevant une vingtaine de paniers placés sur la grève, et fermés avec des cordages, nous les ouvrîmes : les uns étaient remplis de chair rôtie, et d’autres de racines de fougère, qui servent de pain aux naturels. En continuant nos recherches, nous trouvâmes plusieurs autres souliers, et une main, que nous reconnûmes