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hâte, j’étais persuadé que sa curiosité l’avait conduit dans la baie orientale, où personne de l’équipage n’avait jamais été, ou bien que quelque accident était arrivé au canot, qu’il avait été emporté à la dérive par la négligence de celui qui le gouvernait, ou qu’il s’était brisé au milieu des rochers : ce fut l’opinion générale ; et d’après cette supposition, l’aide du charpentier s’embarqua, et prit quelques feuilles de fer-blanc. Je ne soupçonnai pas que nos gens pussent avoir été attaqués par les naturels, car nos canots avaient souvent été beaucoup plus haut avec moins de monde. Je reconnus bientôt quelle était mon erreur. M. Burney, de retour à onze heures le même soir, nous raconta ce qui suit :

» Ayant doublé l’île en dedans de la pointe, j’examinai chaque anse à bas-bord sur ma route ; je regardai soigneusement tout autour avec une lunette que j’avais prise à cet effet. À une heure et demie, nous nous arrêtâmes à une grève à gauche, qui se prolongeait vers le haut de la baie, pour y cuire quelques alimens, car nous n’avions emporté que de la viande crue. Durant cette opération, je vis sur la côte opposée un Indien qui courait le long du rivage au fond de la baie : notre viande étant apprêtée, nous nous rembarquâmes, et bientôt nous arrivâmes au fond, où nous aperçûmes une bourgade zélandaise.

» Comme nous nous approchions, quelques insulaires descendirent sur les rochers, et nous