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ne nous montrèrent ni réserve, ni jalousie. Cette familiarité et cette gaieté de caractère peuvent venir de ce qu’ils ont peu de chose à perdre et à garder.

» Nous ne pouvons guère parler de leur vivacité ou de leur intelligence ; rien n’annonce qu’ils possèdent la première qualité à un degré remarquable, et ils semblent doués de moins de pénétration encore que les habitans de la Terre du Feu, qui ne manquent point de matériaux, mais qui n’ont pas assez d’esprit pour se faire des vêtemens et se défendre contre la rigueur du climat. Le petit bâton grossièrement pointu que portait l’un d’eux est la seule chose qui indiquât de leur part un travail mécanique. J’ai déjà dit que quelques-uns avaient des bandes de peau de kangourou attachées autour du pied avec des lanières ; mais nous n’avons pu savoir si ces bandes de peau leur tiennent lieu de souliers, ou s’ils voulaient seulement couvrir une plaie. Les piqûres et les découpures de leurs bras et de leurs corps, ces lignes renflées ou cicatrices, qui diffèrent par leur longueur et leur direction, et qui sont assez élevées au-dessus de la surface de la peau, annoncent une sorte d’adresse : il est difficile d’imaginer la méthode qu’ils emploient pour exécuter cette singulière broderie. En voyant des hommes qui leur ressemblaient si peu, et des choses qui leur étaient absolument étrangères, ils ne témoignèrent aucune surprise ; ils montrèrent de l’indifférence pour les dons que