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naturelles. Les femmes étaient d’ailleurs aussi nues et aussi noires que les hommes, et elles avaient le corps tatoué ou tailladé de la même manière ; quoique leurs cheveux fussent de la même couleur et de la même nature, quelques-unes avaient la tête complètement rasée ; d’autres n’avaient leurs cheveux coupés que d’un seul côté ; la partie supérieure de la tête des autres offrait une espèce de couronne qui ressemblait à celle de quelques moines romains. La plupart des enfans nous parurent jolis ; mais il n’en fut pas de même des femmes, et surtout de celles qui étaient avancées en âge. On m’apprit cependant que quelques officiers de la Découverte leur avaient adressé des hommages, qu’ils leur avaient offert des présens d’une grande valeur, et qu’ils furent refusés. Je ne dirai pas si elles résistèrent par un sentiment de dédain, ou dans la crainte de déplaire aux hommes du pays ; il est sûr que cette galanterie de nos messieurs n’était point agréable aux insulaires ; car un vieillard qui s’en aperçut ordonna tout de suite aux femmes et aux enfans de se retirer. Les femmes obéirent, en montrant un peu de répugnance.

» Cette conduite des Européens envers les femmes des peuples sauvages est très-blâmable ; elle inspire aux hommes du pays une jalousie qui peut nuire beaucoup au succès d’une entreprise ; elle fait tort à un équipage entier, sans remplir les vues particulières des individus ; car j’ai vu que de pareilles avances sont assez