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sir un terrain ouvert pour les bœufs, les génisses, les chèvres et les moutons, et les habitans n’auraient pas tardé à les découvrir.

» La matinée du 19 commença par un calme plat, qui dura toute la journée, et qui différa notre appareillage ; j’envoyai un détachement sur la pointe orientale de la baie pour y couper de l’herbe ; car on m’avait informé qu’il s’y en trouvait d’une qualité supérieure : un second détachement alla faire du bois ; je descendis moi-même à terre. Nous avions vu plusieurs naturels courant le long de la côte ; ainsi, quoique leur frayeur les eût déterminés la veille à nous quitter si brusquement, ils paraissaient convaincus que nous ne leur ferions pas de mal, et que nous désirions les revoir. Je voulais assister à la seconde entrevue si elle pouvait avoir lieu.

» Nous eûmes à peine débarqué, qu’environ vingt sauvages, parmi lesquels se trouvaient des jeunes garçons, arrivèrent près de nous sans donner le moindre signe de crainte ou de défiance : l’un d’eux était remarquable par sa difformité ; une bosse énorme qu’il avait au dos, ses gestes plaisans et la gaieté que semblaient annoncer ses discours, attirèrent d’ailleurs notre attention. Nous supposâmes qu’il s’efforçait de nous divertir ; par malheur nous ne l’entendions pas ; la langue qu’il parlait était absolument inintelligible pour nous : elle me parut différente de celle des habitans des parties les plus septentrionales de ce pays que j’avais ren-