Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guent rouge, et le visage de quelques-uns était peint avec la même drogue.

» Ils reçurent tous les présens que nous leur fîmes, mais sans témoigner la moindre satisfaction. Lorsque nous leur donnions du pain, et que nous les avertissions par signes que c’était pour le manger, ils le rendaient ou ils le jetaient, sans même le goûter ; ils refusèrent aussi des poissons crus et apprêtés que nous leur offrîmes. Quand nous leur présentâmes des oiseaux, ils ne les rendirent pas, et nous comprîmes par leurs signes qu’ils aimaient beaucoup cet aliment. J’avais amené deux cochons à terre, dans l’intention de les abandonner au milieu des bois. Dès qu’ils furent à la portée de ces animaux, ils les saisirent par les oreilles, comme l’aurait fait un chien, et ils se disposaient à les enlever tout de suite : autant que nous pûmes l’apercevoir, ils n’avaient d’autre intention que de les tuer.

» Comme j’avais envie de connaître l’usage du bâton que l’un de ces hommes tenait à sa main, je témoignai ce désir par mes gestes ; ils me comprirent : l’un d’eux posa un morceau de bois qui devait lui servir de but, et il lança le bâton à la distance d’environ soixante pieds ; mais sa dextérité ne mérita point d’éloges car, dans chacun des essais qu’il répéta, le bâton alla tomber très-loin du but. O-maï, afin de leur montrer combien nos armes étaient supérieures aux leurs, tira un coup de fusil en visant la marque ; l’explosion les effraya telle-