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» On jeta la seine une fois, mais on ne prit que quelques poissons de la grosseur d’une petite morue. L’espèce ne ressemblait en rien à celles que nous connaissons. Ce poisson a le museau allongé, la tête armée de fortes épines, les rayons des nageoires de derrière longs et très-forts, le ventre gros : son corps n’est pas couvert d’écailles. Nous ne trouvâmes en coquillages qu’un petit nombre de moules et de lépas ; nous ramassâmes sur les rochers quelques étoiles et anémones de mer.

» Les montagnes sont médiocrement élevées ; cependant la plupart de leurs sommets étaient couverts de neige, à cette saison de l’année qui répond à notre mois de juin. On voit au pied ou sur le flanc de quelques-unes une quantité considérable de pierres entassées d’une manière irrégulière. Les flancs des autres, qui forment du côté de la mer des rochers escarpés, sont fendus du haut en bas, et semblent prêts à tomber, car les crevasses sont remplies de pierres d’une grosseur énorme. Plusieurs de nos officiers pensèrent que ces crevasses pouvaient être l’effet de la gelée ; mais il me paraît qu’il faut recourir aux tremblemens de terre, ou à d’autres commotions violentes, si l’on veut expliquer l’état du bouleversement de ces collines.

» Il doit presque toujours pleuvoir sur cette île, car les lits des torrens qu’on aperçoit de tous côtés sont larges, et même sur les montagnes on ne rencontre que des fondrières ou