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souvent au nombre de trois ou quatre, offrent de longues têtes cylindriques, composées de petites fleurs. Elle a le port et le goût âcre des plantes antiscorbutiques, mais elle diffère essentiellement de toute cette famille, et nous la regardâmes comme une production particulière à la terre de Kerguelen. Nous la mangeâmes souvent crue ; sa saveur approchait alors de celle du cochléaria de la Nouvelle-Zélande ; mais elle semblait acquérir une saveur trop forte quand on la faisait bouillir ; quelques personnes de l’équipage néanmoins la trouvaient bonne, même dans cet état. Si on la transplantait en Europe, il est vraisemblable qu’elle deviendrait meilleure par la culture, et qu’elle augmenterait la liste des plantes potagères. Ses graines n’étaient pas assez mûres pour les conserver, et il fallut renoncer au désir que j’avais d’en porter en Angleterre.

» Nous cueillîmes près des ruisseaux et des fondrières deux autres petites plantes que nous mangions en salade ; la première ressemble beaucoup au cresson de nos jardins, et elle est très-âcre ; la seconde est très-douce. Cette dernière, quoique petite, est digne d’attention ; elle offre non-seulement des individus mâles et des femelles, mais aussi des androgynes, pour me servir du langage des botanistes.

» L’herbe grossière que nous recueillîmes pour notre bétail est assez abondante sur quelques coins de terre qu’on trouve le long du havre de Noël : on y voit aussi une autre sorte