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mes ; leur graisse nous donna de l’huile pour les lampes et pour divers autres usages. Nous ne fûmes pas embarrassés pour remplir nos futailles, car on rencontrait partout des ruisseaux d’eau douce. Il n’y a pas sur l’île un seul arbre, pas un seul arbrisseau, et en général très-peu de végétaux. Lorsque les vaisseaux arrivèrent dans le havre, les flancs de plusieurs des collines nous parurent d’un vert éclatant, et nous espérâmes y trouver des plantes. Je reconnus qu’une seul plante avait produit cet effet. Avant de retourner à bord, je gravis la première chaîne de rochers qui s’élèvent en amphithéâtre : je comptais prendre une vue générale du pays ; mais je n’étais pas encore au sommet, qu’il survint une brume très-épaisse : j’eus bien de la peine à reconnaître mon chemin pour descendre. Le soir, on jeta la seine au fond du havre, et on ne prit qu’une demi-douzaine de petits poissons. Le lendemain nous essayâmes l’hameçon et la ligne ; nous ne fûmes pas plus heureux. Ainsi les oiseaux furent les seuls comestibles que nous offrit la terre de Kerguelen : cette ressource était inépuisable.

» L’équipage ayant achevé de remplir les futailles, le 27 je permis aux matelots de se reposer et de célébrer la fête de Noël. La plupart d’entre eux descendirent à terre, et firent des courses dans l’intérieur du pays ; ils ne rencontrèrent que des montagnes stériles et d’un aspect affreux. L’un d’eux me rapporta le soir