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venais de faire ; il eut la bonté de m’offrir un bélier d’Espagne qu’il avait tiré de Lisbonne. Je le refusai, convaincu que les béliers du Cap rempliraient également bien mon objet : je reconnus ma méprise par la suite. M. Hemmy s’est donné beaucoup de peine pour transplanter au Cap les moutons d’Europe ; mais il n’a pu réussir. Il attribuait ce mauvais succès à l’opiniâtreté des habitans de la campagne, qui préfèrent les moutons du pays à cause de leurs grosses queues, dont la graisse rapporte quelquefois plus d’argent que n’en produit le corps entier d’un mouton d’une autre espèce. Ils croient que la laine de nos moutons d’Europe ne compenserait point ce désavantage. Des hommes éclairés m’ont fait la même observation, et elle paraît fondée ; car, en supposant que nos moutons donnassent au Cap une laine de la même qualité qu’en Europe (l’expérience a prouvé le contraire), la colonie manque de bras pour la manufacture. Il est sûr que, si l’on n’y importait chaque jour des esclaves, la population de cet établissement serait moindre que celle d’aucune autre partie du monde habité. »

Tandis que les vaisseaux se disposaient à reprendre la mer, quelques-uns des officiers allèrent voir les environs du Cap. M. Anderson, qui était du nombre, a donné la relation suivante de leur petit voyage.

« Le 16, après midi, je partis dans un chariot avec cinq de nos messieurs pour examiner