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puis peu, et ornée de quelques figures qui ne font point honte à l’artiste. On y lit une inscription en espagnol, qui indique l’époque de l’érection et l’objet de ce monument.

» L’après-midi du 2, quatre d’entre nous louèrent des mules pour aller à la ville de Laguna[1], qui a pris son nom d’un lac voisin, éloigné de Sainte-Croix d’environ quatre milles : nous y arrivâmes entre cinq et six heures du soir, par un très-mauvais chemin ; rien ne nous dédommagea de nos peines. Laguna est assez grande ; ses rues sont tortueuses ; cependant quelques-unes sont d’une largeur passable, et on y voit des maisons assez propres. En général cependant Sainte-Croix, quoique beaucoup plus petite, offre un aspect bien supérieur. On nous apprit que Laguna déchoit tous les jours ; au contraire la population de Sainte-Croix augmente.

» Pour aller de Sainte-Croix à Laguna, on traverse une colline escarpée qui est très-stérile de ce côté ; en la descendant nous vîmes quelques figuiers et plusieurs champs de blé. Ces espaces de terrain mis en culture sont de peu d’étendue. Il paraît que les habitans ne recueillent du grain qu’à force de travail, car le sol est si rempli de pierres, qu’ils sont obligés de les rassembler et d’en faire de larges tas peu

  1. Son nom espagnol est San-Christobal de Laguna ; elle passe pour la capitale de l’île. Les gens de loi, et ceux des habitans qui vivent noblement, y résident. Cependant, le gouverneur général des îles Canaries réside à Sainte-Croix, qui est le centre du commerce avec l’Europe et l’Amérique.