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» Je n’avais pas dessein, dit Cook, d’aller plus loin au sud, à moins que je n’observasse des signes certains de l’approche de la terre. En effet, il n’eût pas été prudent de ma part d’employer mon temps à vouloir pénétrer dans le sud, quand il était au moins aussi probable qu’on pouvait trouver une grande terre près du cap de la Circoncision. Enfin j’étais las de ces latitudes élevées où l’on ne rencontre que de la glace et des brumes épaisses. Nous avions alors une forte houle de l’ouest, indication qu’il n’y avait pas de terre dans cette direction.

» Continuant à cingler au nord-est, le 30, nous dépassâmes une des plus grandes îles de glace que nous eussions vues pendant le voyage ; et quelque temps après, nous en laissâmes de l’arrière d’autres beaucoup plus petites : toujours des brumes et de la pluie mêlée de neige.

» À six heures du lendemain au matin, vent à l’ouest, la brume s’éclaircit heureusement un peu, et nous découvrîmes terre à trois ou quatre milles de l’avant. Sur cela, je serrai le vent au nord ; mais, trouvant que nous ne pouvions pas la doubler sur ce bord, je revirai bientôt par cent soixante- quinze brasses à trois milles de la côte, et à environ une demi-lieue de quelques brisans. Le ciel s’éclaircit encore davantage, et nous vîmes assez bien la terre. Nous reconnûmes que c’étaient trois îlots de roche, d’une hauteur considérable, noirs, caverneux et escarpés, habités par des troupes d’oiseaux, et battus par des lames terribles :