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Orometouà s’accomplir. J’ai entendu parler d’un autre génie ou d’un dieu inférieur, appelé Oromé-haouhaouri, qui a aussi le pouvoir de tuer les hommes, avec cette différence qu’on ne s’adresse pas à lui en le priant, mais seulement en sifflant. Les génies de la dernière classe sont appelés tihi. Les Taïtiens nous ont dit que c’est la substance qui voit, qui entend, qui a la sensation de l’odorat, du goût et du toucher, qui forme les pensées en dedans de nous ; qu’après la mort elle existe séparée du corps, mais quelle vit près des cimetières, et qu’elle rôde autour des cadavres ou des os qui y sont déposés : ils la respectent beaucoup, quoiqu’ils ne s’adressent à elle qu’en sifflant. Ils nous ont appris d’ailleurs que ces tihis habitent principalement les figures de bois qu’on place près des moraïs, et qu’ils sont mâles ou femelles suivant le sexe de la personne défunte ; ils les redoutent, car ils croient que ces génies se glissent pendant la nuit dans les maisons, qu’ils mangent le cœur et les entrailles de ceux qui dorment, et qu’ils les font mourir. Ainsi la religion, dans ces contrées comme dans beaucoup d’autres, ne sert qu’à rendre l’homme plus absurde et plus malheureux. »