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l’est à travers les mers : c’est alors que les îles qu’ils habitent maintenant se détachèrent de la grande masse ; O-Maoùi laissa ensuite cette grande terre à l’est, où elle existe maintenant. C’est à cette époque qu’on confia à chacune des divinités inférieures dont on a parlé plus haut le soin d’une île en particulier. On ne s’adresse pas au dieu Tané plus particulièrement qu’aux autres divinités, et on ne suppose pas qu’il a une plus grande part aux affaires du monde, si ce n’est à Houaheiné, parce que cette île est sous sa surveillance, et qu’il y est révéré comme la divinité tutélaire du pays. Outre ces dieux de la seconde classe, il y en a d’autres d’un rang encore inférieur ; l’un de ces petits dieux, appelé orometouà, est d’un caractère méchant ; il habite surtout près des moraïs et des toupapaous (des cimetières), dans ou près des petites caisses qui renferment les têtes des défunts ; chacune de ces caisses ou boîtes est appelée, par cette raison, te-hvarré note Orometouà, la maison du mauvais génie Orometouà. Les Taïtiens croient que le mauvais génie, invoqué par les prêtres, tue d’une manière subite celui sur qui doit tomber la vengeance de ce dieu. Je ne pense pas que leurs prêtres soient très-intègres : si on les corrompt, ils empoisonnent sans scrupule l’homme qu’on leur indique, et ils attribuent ensuite cette mort subite à la malignité d’Orometouà. Cette conjecture est d’autant plus probable, qu’on m’a assuré qu’il n’est pas rare de voir les prières des prêtres à