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près en mars, à l’époque où ils font du mahié, ou de la pâte aigrie du fruit à pain ; on en cueille alors des quantités immenses pour cela, ce qui le rend très-rare. D’après la seule énumération des treize noms de mois, je ne puis croire que leur année comprenne treize lunaisons : je pense plutôt qu’ils en ont seulement douze, mais qu’ils intercalent de temps en temps un treizième mois, afin de mettre de l’accord entre l’année solaire et l’année lunaire. Je ne sais pas s’ils répètent souvent cette intercalation. Voici les noms qu’ils donnent aux mois :

1. O-porore-o-moua[1], · · · · · Mars.
2. O-porore-o-mori, · · · · · · · Avril.
3. Moureha, · · · · · · · · · · · · · Mai.
4. Oouhi-èiya, · · · · · · · · · · · Juin.
5. Houri-àma (ouhirri-oma), · · · Juillet.
6. Tàooua, · · · · · · · · · · · · · Août.
  1. Quelques-uns des mois ont des noms d’une signification connue ; mais j’ignore ce que signifient les autres. O-porore-o-moua signifie la première faim ou le besoin. O-porore-o-mouri signifie la dernière faim : le fruit à pain étant au temps de sa maturité quand on en cueille des quantités considérables pour en faire de la pâte aigre, on peut expliquer pourquoi on a donné ces noms à ces deux mois. Le quatrième mois, Ouhi-èiya, a certainement rapport à la pêche à la ligne. Le huitième mois, O-te-ari, est ainsi nommé à cause des cocos nouveaux, qui probablement sont alors très-abondans. Le neuvième mois, O-te-taï, fait allusion à la mer ; le onzième, Ouae-ahou, à leur étoffe ; le douzième, Pipirri, à une sorte d’épargne ou d’avarice peut-être relativement à la provision des fruits. Les mots renfermés entre deux parenthèses sont les différentes manières d’écrire les noms par les différentes personnes qui les ont entendus.