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de la conscience, et incapables d’attachement et de tendresse.

» Tournons maintenant nos yeux vers Taïti, la métropole des îles du tropique, et vers ses heureux habitans, et portons nos regards sur toutes les îles de la Société et des Amis. Quoique la population y soit considérable, à proportion de l’étendue du pays, il est probable que ces îles pourraient nourrir un bien plus grand nombre d’hommes, et que dans les temps à venir on y remarquera un accroissement de population, s’il n’arrive point de catastrophes, ou si on n’y établit pas des usages et des règlemens qui tendent à ralentir ou à arrêter la propagation de l’espèce humaine. La fertilité du sol, des plaines et des vallées, la végétation rapide, et la succession non interrompue des cocos, des fruits à pain, des pommes, des bananes, des eddoës, des patates, des ignames et de plusieurs autres fruits excellens ; la division des terres en propriétés particulières, le soin qu’y prennent les naturels d’élever des cochons, des chiens et des volailles ; l’aisance et la propreté de leurs maisons et de leurs pirogues ; les moyens ingénieux qu’ils emploient pour pêcher ; le goût et l’élégance qu’on remarque dans plusieurs de leurs ustensiles et de leurs meubles ; leurs vêtemens si bien adaptés au climat, et variés d’une manière si adroite dans le tissu et les couleurs ; l’aménité, la politesse et la délicatesse de leurs manières ; leur caractère franc et joyeux ; leur hospitalité et la