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l’abri des rigueurs du climat ; les peuplades sont peu nombreuses : sans liens et sans affections réciproques, exposés à toutes les insultes des usurpateurs, ils se retirent dans d’affreux rochers, et paraissent insensibles à tout ce qui porte l’empreinte de la grandeur et de l’industrie : une stupidité brutale forme leur caractère ; quand ils sont les plus forts, ils sont perfides, et agissent contre tous les principes de l’humanité.

» En comparant la situation des naturels de la Terre du Feu et de la Nouvelle-Zélande avec celle de leurs voisins, on voit encore mieux que les peuples qui habitent les extrémités glaciales de notre globe ne jouissent pas d’autant de bonheur que les nations du tropique. Aux environs de la baie de Noël, les habitans sont en petite quantité ; et à en juger par ce qu’en ont vu les autres navigateurs, et par l’aspect général du pays, la population ne peut pas y être considérable : ces terres sont les plus méridionales de celles où nous avons trouvé des hommes ; ces sauvages ne nous ont pas paru sentir leur misère et la vie affreuse qu’ils mènent. Plusieurs chaloupes remplies vinrent à notre vaisseau, et, ceux qui les montaient n’avaient d’autres vêtemens qu’un morceau de peau de phoque, qui ne descendait pas assez bas pour couvrir la moitié de leurs fesses ; leur tête, leurs pieds, et le reste de leur corps, étaient exposés à un degré de froid qui, au milieu de l’été, nous paraissait vif, quoique nous