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vage ne peut pas affronter les vicissitudes et les rigueurs des pays situés aux extrémités de la zone tempérée, vers les zones glaciales, et que le hasard, ou une nécessité cruelle, ont pu seules fixer les peuplades à vivre dans ces misérables contrées.

» Quoique les insulaires du grand Océan n’aient point de liaison avec des peuples très-policés, on remarque que leur civilisation est plus avancée à tous égards, suivant qu’ils se trouvent plus loin des pôles : ils jouissent d’une subsistance plus variée et plus abondante ; ils ont des habitations plus spacieuses, plus propres et mieux adaptées au climat ; leurs vétemens sont plus légers, plus commodes ; la population est plus nombreuse, les sociétés sont mieux réglées, la sûreté publique est mieux établie contre les invasions étrangères, leurs manières sont plus polies et plus agréables, les principes de la morale plus connus et plus généralement pratiqués, les esprits susceptibles de plus d’instruction : ils ont quelques idées vagues d’un Être Suprême, d’une vie à venir, de l’origine du monde ; tout paraît tendre à leur bonheur comme individus et comme membres d’une nation. Au contraire, les misérables sauvages qui habitent les environs de la zone glaciale sont les plus dégradés de tous les êtres humains : le peu d’alimens qu’ils se procurent est dégoûtant ; ils se réfugient dans les plus mauvaises cabanes qu’on puisse imaginer ; leurs grossiers vêtemens ne les mettent pas à