Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des marques de puberté. Dès que ces marques paraissent, les jeunes femmes sont obligées de subir une opération très-douloureuse. On tatoue sur leurs fesses de grandes raies arquées : ces raies sont honorables, et c’est une espèce de prééminence de pouvoir faire des enfans. Si un homme accuse une femme de ne pas porter ces marques, elle ne peut pas, en honneur, se dispenser d’en mettre la preuve sous ces yeux[1]. J’ignore quelle est l’origine de ces étranges coutumes : il suffit d’avoir exposé le fait.

» Il paraît que les hommes n’ont habité que malgré eux les extrémités des zones tempérées, et qu’ils n’ont choisi que fort tard, pour leurs demeures, ces climats rigoureux. La douceur du ciel en dedans et aux environs des tropiques, l’accroissement qu’y prennent les animaux et les végétaux, la facilité de se procurer de la subsistance et un abri contre l’inclémence du ciel, la profusion des fruits et des racines qui y croissent spontanément, tout porte à croire que c’est dans cette partie de la terre que l’homme s’établit d’abord : ce qui confirme cette opinion, c’est que l’homme sau-

  1. Les Thraces ne s’embarassaient point de la chasteté de leurs filles, qui admettaient dans leurs bras tous les hommes qu’elles voulaient ; mais ils épiaient avec soin la conduite de leurs femmes, qu’ils achetaient fort cher de leurs parens. Ils s’imprimaient déjà une espèce de tatouage qui était réputée une marque de noblesse. Ceux qui n’étaient pas tatoués passaient pour être nés dans l’abjection.(Hérodote, liv. 5, chap. 6.)