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core leurs habitations sous terre, et qu’ils les soutiennent par des murailles sèches. Si ce désastre arriva en plein jour, il est vraisemblable que la plupart des hommes, étant hors des cabanes, furent sauvés, tandis que les femmes, qui gardent ordinairement la maison, périrent toutes, excepté celles qui se trouvèrent dans la campagne. Ces femmes servent, suivant toute apparence, à plusieurs maris ; elles ne craignent pas de se prostituer à une foule de matelots dans la même heure : cette débauche leur est peut-être habituelle. Si la théorie dont on a parlé plus haut était confirmée par les faits et par l’expérience, il y naîtrait plus de garçons que de filles ; mais un trop grand nombre connaissant la même femme, elle ferait peu d’enfans, comme il arrive aux malheureuses qui servent aux plaisirs du public.

» Tous les peuples du grand Océan étant monogames, quoiqu’ils descendent des nations orientales de l’Inde, presque toutes adonnées à la polygamie, il paraît que ce n’est ni la sagesse ni la vertu qui les ont portées à suivre cet usage conforme à la nature et aux vues de la Providence. Les premières peuplades qui s’établirent sur ces îles étaient composées probablement d’un nombre égal de femmes et d’hommes ; et ce hasard les fit renoncer à la polygamie, à laquelle ils étaient accoutumés dans leur patrie. La médiocre étendue des terres nouvelles rendit nécessaire la continuation de cette coutume ; car, si dans une petite