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sibles et une imagination plus vive, et parce qu’on leur rend moins souvent le devoir conjugal. II n’est donc pas étonnant qu’elles fassent plus de filles que de garçons. Les faits sont d’accord avec cette théorie ; car les voyageurs conviennent tous que la polygamie se retrouve chez tous les peuples d’Afrique : aucun d’eux ne rapporte qu’on y trouve beaucoup d’hommes sans femmes ; chaque Africain en a au moins une. Quand un peuple adonné à la polygamie vit dans le voisinage des nations monogames, il est probable qu’il tire de ses voisins, de force ou par le commerce, les femmes dont il a besoin ; les Africains, qui sont tous polygames, et qui se marient tous, ne peuvent pas profiter de cet avantage ; il faut donc qu’il naisse parmi eux plus de femelles que de mâles.

» Quoique les colons établis au cap de Bonne-Espérance ne prennent qu’une épouse, j’ai observé qu’à la ville et à la campagne il y a plus de femmes que d’hommes : c’est peut-être un effet du climat et de la nourriture ; mais le libertinage des jeunes gens en est la principale raison : la quantité de femmes esclaves qu’on y importe de Madagascar, du Bengale, de Java, des Moluques et de la côte des Papous, leur donne tant d’occasions de débauche, et tant de facilité de former de bonne heure des liaisons avec ces femmes lascives, que les hommes sont épuisés avant le mariage : il arrive de là que les jeunes Hollandaises de la colonie, nées