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facile de quitter une épouse et d’en prendre une autre, comme nous avons eu occasion d’en voir plusieurs exemples.

» O-Amo, mari d’O-Beréa, avait répudié sa femme ; quand nous arrivâmes, à Taïti, et O-Beréa avait pris un autre mari. Patatou avait pris Ouainéou, et s’était séparé de son épouse Polateherea, qui vivait avec Mahiné, jeune chef d’Oraïedéa. Je ne crois pas que la monogamie soit toujours un effet de la proportion égale du nombre des femmes et des hommes ; je pense au contraire qu’en Afrique la nature des alimens et du climat, et l’usage d’épouser plusieurs femmes, ont produit une disproportion considérable entre le nombre des hommes et celui des femmes ; de sorte que maintenant il y naît plusieurs femmes pour un seul homme. On a observé que, chez tous les animaux, les accouplemens produisent le plus communément le sexe de celui qui est le plus vigoureux et le plus chaud : si, par exemple, l’étalon est plus chaud et plus vigoureux que les jumens, il naîtra plus de poulains mâles ; mais si les jumens sont plus vigoureuses, si l’étalon est vieux et épuisé par trop de services, il naîtra une plus grande quantité de jumens. Appliquons cette remarque aux habitans de l’Afrique : il est évident que des hommes accoutumés à la polygamie, énervés par l’usage des femme, sont moins forts, tandis que les femmes conservent un tempérament plus ardent, parce qu’elles ont des nerfs et des organes plus sen-