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Chez les peuples qui ne regardent les femmes que comme des domestiques, elles sont réduites à prendre leurs repas loin de leurs maîtres orgueilleux. Il en est de même à Taïti et dans toutes les îles de la Société ; je n’ai jamais pu découvrir l’origine de ces coutumes ; je crois que c’est un reste de l’état d’avilissement dans lequel vivaient autrefois les Taïtiennes.

» La monogamie est universelle chez toutes les nations du grand Océan. Quelques individus, surtout parmi ceux d’un rang distingué, ont, il est vrai, des liaisons avec plusieurs filles, toujours prêtes à se livrer à la première demande ; mais je n’ai jamais ouï dire qu’une femme mariée ait cédé aux désirs d’aucun amant.

» Quoique la polygamie soit si commune dans les climats chauds et chez les nations barbares, où les femmes sont censées appartenir en propriété aux maris, il est à remarquer qu’elle ne s’est pas introduite dans les îles du grand Océan, situées sous un climat chaud ou le luxe a déjà fait des progrès, et dont les habitans sont fort portés aux plaisirs des sens, non plus qu’à la Nouvelle-Zélande, ni dans les îles qui sont plus à l’ouest, où cependant on estime moins les femmes. Je crois qu’on peut rendre raison de ce phénomène en disant que les mœurs des femmes sont plus douces et plus polies ; que le nombre des femmes ne l’emporte pas sur celui des hommes, et enfin qu’il est