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et des vertus sociales. Les femmes de Taïti et des îles voisines ont des organes extrêmement délicats, l’esprit vif, l’imagination brillante, de la pénétration, de la sensibilité, de la douceur dans le caractère, et un grand désir de plaire. Ces qualités, jointes à la simplicité des mœurs primitives, à une franchise charmante, à une belle taille et à une jolie figure, à un sourire affable, à des yeux pleins de tendresse et de feu, captivent le cœur des hommes, et maintiennent l’influence du sexe dans les affaires domestiques et publiques : elles se mêlent dans toutes les assemblées ; on leur permet de converser librement et sans réserve avec tout le monde ; elles sont ainsi à même de cultiver et de polir leur esprit et celui des jeunes gens : car l’objet principal de leur éducation étant d’apprendre le grand art de plaire, on les instruit de tous les moyens de gagner l’attachement des hommes, et d’acquérir cette amabilité de caractère qui ne manque jamais d’être payée de retour par l’affection, l’amitié et l’amour. Leurs chants, leurs danses, leur rire innocent et leur gaieté badine, tout concourt à enflammer d’amour les jeunes insulaires, et à cimenter des unions qui ne finissent qu’à la mort.

» Quoique les Taïtiennes aient déjà beaucoup poli les mœurs de leurs compatriotes, cependant il reste encore des usages qui semblent prouver que les femmes n’ont pas toujours joui des égards qu’on leur accorde aujourd’hui.