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les moindres maux de ces malheureuses ; on ne leur permet pas même de punir leurs petits garçons, qui souvent leur jettent des pierres, ou les battent sous les yeux et du consentement du père : dévouées à la brutalité des hommes, on les traite comme des bêtes de charge, sans leur laisser le moindre exercice de leur volonté.

» Les femmes de Tanna, de Mallicolo et de la Nouvelle-Calédonie ne sont guère moins misérables : quoique nous ne les ayons jamais vues battues ou outragées par leurs propres enfans, elles portent cependant les fardeaux, et elles font tout le travail domestique ; ce sont de vraies bêtes de somme. Il existe une compensation à cette malheureuse condition : peut-être l’état d’oppression dans lequel elles vivent a produit chez elles un plus grand développement des facultés intellectuelles que chez les hommes. Leur constitution plus délicate et leurs nerfs plus irritables les rendent capables de recevoir des impressions plus promptes et plus vives ; elles sont plus portées à l’imitation, et elles observent plus rapidement les propriétés et les rapports des choses ; leur mémoire en conserve mieux le souvenir ; leurs facultés deviennent ainsi plus en état de les comparer et de tirer de leurs perceptions des idées générales. Elles simplifient leurs différens travaux, et souvent parviennent à de nouvelles inventions dans cette partie des arts. Habituées à se soumettre sans réserve aux ca-