Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieues. Elle paraît remplie de baies et de havres, surtout sur la côte du nord-est ; mais la prodigieuse quantité de glaces doit la rendre inaccessible la plus grande partie de l’année, ou du moins il doit être dangereux d’y mouiller, à cause de la rupture des rochers de glace. Il faut remarquer que, sur toute la côte, nous ne vîmes pas une rivière ou un courant d’eau douce. Il est très-probable que les sources y tarissent quelquefois, et que l’intérieur, étant fort élevé, ne jouit jamais d’assez de chaleur pour fondre toute la neige qui serait nécessaire à la formation d’une rivière ou d’un courant d’eau. La côte seule reçoit une chaleur suffisante pour fondre la neige, ce qui arrive seulement sur la partie nord-est ; car l’autre, se trouvant exposée aux vents froids du sud, est un peu privée des rayons du soleil par la hauteur extraordinaire des montagnes. J’avais supposé que Bouvet ne découvrit que de grandes îles de glace, dans la persuasion que la côte d’une terre située par 54 degrés de latitude ne pouvait pas, au milieu de l’été, être entièrement couverte de neige ; mais, après avoir vu celle-ci, je n’eus plus de doute sur l’existence du cap de la Circoncision, et je crus que je rencontrerais plus de terre que je ne pourrais en reconnaître. C’est avec ces idées que je quittai la côte, et je dirigeai ma route à l’est-sud-est, vers celle que nous avions vue la veille.

» Nous ne nous fûmes pas plus tôt éloignés