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que les distances de six cents, sept cents, huit cents, ou même mille lieues, qui sont entre le continent de l’Amérique et la plus orientale de ces îles, rapprochées de la petitesse et du peu de solidité de leurs pirogues, prouvent, suivant moi, d’une manière incontestable, que leurs habitans ne sont jamais venus d’Amérique.

» Voyons donc si la population des îles du grand Océan ne vient pas de l’ouest : commençons par la Nouvelle-Hollande. Tous les anciens navigateurs, et surtout le capitaine Cook, en 1770, ont trouvé cet immense continent très-peu habité. La petite taille de ses habitans, la singularité de leurs usages et de leurs habitudes, la privation totale des cocos, des bananes cultivées et des cochons, ainsi que l’état misérable de leurs huttes et de leurs pirogues, annoncent assez que les insulaires du grand Océan ne viennent pas de la Nouvelle-Hollande ; mais ce qui est encore plus convaincant, leur langue est entièrement différente, ainsi qu’on le voit par les vocabulaires.

» Du côté du nord, les îles du grand Océan se trouvent pour ainsi dire liées aux îles des Indes orientales. La plupart de ces dernières terres sont habitées par deux différentes races d’hommes : sur quelques-unes des Moluques on trouve une race noire qui a des cheveux laineux, qui est haute et mince, qui parle une langue particulière, et qui habite les montagnes de l’intérieur du pays : sur différentes îles, ces hommes sont appelés Alfouries ou Hara-