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nent le plus dans ces parages, et que les misérables petites embarcations des naturels peuvent à peine naviguer contre le vent. Mais, après un moment de réflexion, on reconnaît que l’Amérique n’a pas été peuplée très-longtemps avant l’époque de sa découverte. On ne trouva sur cet immense continent que trois états ou royaumes qui fussent un peu considérables, et qui eussent fait des progrès un peu remarquables dans la civilisation. L’origine de ces gouvernemens ne remontait qu’à peu près à quatre cents ans avant l’arrivée de Colomb. Le reste du pays était occupé par quelques familles errantes, tellement dispersées sur cette vaste étendue de terre, que souvent il ne se trouvait pas plus de trente ou quarante personnes sur un espace de cent lieues, et de longs intervalles étaient même absolument déserts ; au contraire, quand les Espagnols découvrirent quelques-unes des îles du grand Océan, peu d’années après la découverte du continent de l’Amérique, ils les trouvèrent aussi peuplées qu’elles le sont aujourd’hui : il n’est donc pas probable que leur population vienne d’Amérique. Si on consulte d’ailleurs les vocabulaires du Mexique, du Pérou, du Chili, et ceux des autres langues américaines, on n’y aperçoit aucune ressemblance, même éloignée, avec les langues des îles du grand Océan. La couleur, les traits, les formes, le tempérament et les usages des peuples d’Amérique et de ses insulaires sont absolument différens. J’ajouterai