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pris un caractère fixe, ils le conservent avec très-peu d’altération : mais je suppose qu’ils ne changent point leurs alimens, leur manière de vivre et de s’habiller, et qu’ils ne se mêlent pas avec les nègres, les mulâtres, et les autres peuplades des climats chauds, aborigènes ou mélangées ; autrement il y a tout lieu de croire que leur tempérament et leur teint dégénéreraient insensiblement.

» Si les nègres ou d’autres peuplades au teint noirâtre se transplantent dans des climats tempérés, ou presque froids, ils ne perdent pas aisément leur couleur : s’ils ne se marient pas hors de leur race, les premières générations offrent à peine des altérations parmi les enfans. Le passage du noir au blanc paraît en effet plus difficile que celui du blanc au noir ; l’épiderme admet les rayons du soleil et l’action de l’air, jusqu’à ce que la membrane réticulaire soit colorée de brun ; mais dès qu’elle l’est une fois, rien n’est assez fort pour en arracher la teinte foncée : l’expérience journalière paraît confirmer cette vérité. Un homme qui s’expose seulement un jour à un soleil ardent brunit beaucoup, et six ou huit mois de précautions et de soins ne suffisent pas quelquefois pour le blanchir : il est probable que les premiers germes de l’embryon tiennent de la couleur, de la taille, de la forme et du tempérament des parens, et que deux peuplades différentes venant à diverses époques et par plusieurs voies dans le même climat, mais gardant une manière op-