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partie d’un grand continent, n’est qu’une île de soixante-dix lieues de tour.

» Qui aurait jamais pensé qu’une terre aussi peu étendue que celle-ci, située entre le 54e. et le 56e. parallèle, fût, au milieu de l’été, couverte presqu’en entier, à plusieurs brasses de hauteur, d’une neige glacée, et surtout sur sa côte sud-ouest ? Les flancs et les sommets escarpés des hautes montagnes étaient eux-mêmes revêtus de neige et de glace ; mais la quantité qui se trouva dans les vallées est incroyable ; et au fond des baies, la côte aboutissait à une muraille de glace d’une élévation considérable. Sans doute il se forme ici pendant l’hiver beaucoup de glaces, qui, au printemps, se détachent et se dispersent sur la mer ; mais cette île ne peut pas produire la dix-millième partie de celle que nous vîmes ; de sorte qu’il doit y avoir d’autres terres où la glace se forme en pleine mer. Ces réflexions m’ont conduit à penser qu’une terre vue la veille appartenait peut-être à une côte étendue : j’espérais donc toujours découvrir un continent. Il faut avouer que je ne fus pas beaucoup affligé en reconnaissant que je me trompais.

» Je donnai à cette terre le nom d’île de Géorgie, en l’honneur de S. M. Georges iii : elle gît entre 53° 57′ et 54° 57′ de latitude sud, et entre 38° 13′ et 35° 34′ de longitude ouest ; elle s’étend du sud-est au nord-ouest ; elle a trente-une lieues de long dans cette direction, et sa plus grande largeur est d’environ dix