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rôdent dans les terrains immenses de l’Amérique méridionale au sud du Rio-de-la-Plata, jusqu’au détroit de Magellan : ils montent à cheval, ils vont à la chasse, ils se forment à l’usage de leurs armes : ces exercices leur donnent de la force, sans que des travaux trop prématurés et trop violens rapetissent leurs corps, et sans que la disette et la faim affaiblissent leurs organes. Le nord présente un exemple curieux de ces vérités. Les gardes du feu roi de Prusse, et même ceux du monarque actuel, qui sont d’une taille peu commune, vivent à Potsdam depuis plus de cinquante ans ; un grand nombre des bourgeois de cette ville sont aujourd’hui (en 1785) d’une très-haute taille, et on est surtout frappé de la stature gigantesque de beaucoup de femmes : cela provient sûrement des liaisons et des mariages des gardes avec les bourgeoises. D’après tous ces témoignages, il me paraît injuste et indécent de se moquer de ceux qui croient encore qu’il existe à l’extrémité de l’Amérique méridionale des peuplades d’une taille extraordinaire.

» Au sud du détroit de Magellan, sur la Terre du Feu, on rencontre une peuplade abâtardie, qui paraît avoir singulièrement dégénéré des nations du continent. Sa grosse tête, ses larges épaules, sa forte poitrine, même les traits de son visage, prouveraient qu’elle descend des Patagons, quand même Falkner, observateur intelligent et exact, ne nous aurait pas appris qu’elle appartient aux Yacanna-Cunnihs. Il paraît d’a-