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occasion d’examiner : les femmes sont difformes et laides, et obligées, comme tant d’autres, de servir de bêtes de somme : elles portent les provisions de leurs maris fainéans, et elles soignent seules les plantations. Les Mallicolais ont généralement les cheveux laineux et crépus ; ils se percent les oreilles et le nez ; ils attachent de gros anneaux à leurs oreilles, et passent de petits bâtons ou des pierres dans leur nez ; ils ont le teint couleur de suie, les traits grossiers, les os des joues et la face larges, toute la physionomie extrêmement désagréable, les membres grêles, quoique d’une belle forme, et le ventre tellement serré par une corde, qu’aucun Européen ne pourrait supporter ce pénible état sans tomber malade ; les parties naturelles sont enveloppées et relevées vers la ceinture, suivant la méthode des habitans de Tanna et de la Nouvelle-Calédonie ; l’un de leurs bras est orné d’un bracelet, qu’on leur met quand ils sont jeunes, de manière qu’on ne peut plus l’ôter dans la force de l’âge. J’ai aperçu plusieurs individus couverts de poils sur tout le corps, sans excepter le dos, et j’ai observé la même particularité à Tanna et à la Nouvelle-Calédonie. Les Mallicolais sont agiles, vifs et remuans ; quelques-uns nous semblèrent méchans et malicieux, mais la plupart sont bons et paisibles. Ils aiment la joie et le plaisir, la musique, le chant et la danse. Quoique leurs traits empoisonnés n’aient pas tué les chiens sur lesquels nous les essayâmes, peut-être n’en