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vidus, et est fort inférieure à tous égards aux insulaires dont j’ai déjà parlé, et à la race desquels elle appartient. La taille de ces insulaires est moyenne, c’est-à-dire de cinq à six pieds ; ils sont minces, mais bien proportionnés ; leurs traits ne sont pas beaux. Leur teint est brun, plus foncé que celui des naturels des îles des Amis. Les hommes se couvrent à peine les reins d’un morceau d’étoffe ; les femmes sont, pour l’ordinaire, un peu plus vêtues ; elles sont plus petites que les hommes et ont le visage plus agréable. Les hommes ont tout le corps tatoué, les oreilles percées d’une grande ouverture. Ce peuple est bienfaisant et pacifique ; quelques individus exercent l’hospitalité dans toute son étendue et avec toute la pureté des anciens temps : mais ils sont fort portés au vol. Sur le sol, qui est sec et stérile, on voit de vastes plantations de petites cannes à sucre, de bananes et d’eddoës ; mais le bois et l’eau sont très-rares dans ce pauvre pays. Des restes de plantations sur les montagnes, d’énormes colonnes ou masses de pierres érigées dans les cimetières à la mémoire de leurs chefs et de leurs héros morts, montrent que la population de cette île et la puissance de ces habitans ont dû être autrefois plus considérables qu’aujourd’hui. Quelques-uns de ces monumens ont vingt-sept pieds de haut ; de petits meubles sculptés avec délicatesse, qu’on voit chez cette nation, sont des preuves évidentes de son aptitude pour les arts et de son goût.