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» La Terre du Feu a très-peu d’habitans : ils y vivent en si petites troupes, que je ne crois pas qu’en tout ils excèdent deux mille sur un pays au moins aussi étendu que la moitié de l’Irlande.

» J’ajouterai deux remarques à cet état de la population des îles du grand Océan que nous avons visitées. 1o. Je ne prétends pas que mes évaluations soient parfaitement exactes ; ce ne sont que des conjectures qui approchent de la vérité, autant que l’ont permis les données que nous avons eu occasion de recueillir ; elles sont plutôt fautives en moins qu’en plus ; et si quelques-unes le sont en plus, ce doit être celle de la Nouvelle-Calédonie. 2o. La population des pays augmente à proportion de la civilisation et de la culture : ce n’est pas que la civilisation et la culture soient véritablement des causes d’une plus grande population ; je crois plutôt qu’elles en sont les effets. Dès que le nombre d’hommes, dans un espace borné, augmente à un tel degré qu’ils sont obligés de cultiver des plantes pour leur nourriture, et que les productions spontanées ne suffisent plus, ils imaginent des moyens de faire ce travail d’une manière facile et commode ; ils sont contraints d’acheter d’autrui des graines et des racines, et de stipuler entre eux de ne pas détruire leurs plantations, de se défendre mutuellement contre les invasions, et de s’aider les uns les autres. Tel est l’effet des sociétés civiles ; elles produisent plus tôt ou plus tard