Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vingt-dix personnes dans les pays de labourage, et deux mille six cent quatre dans les pays de vignoble : dans les premiers, un homme a besoin pour vivre de trois arpens et demi ; et dans les derniers, il faut près de deux arpens pour la subsistance d’un individu : à Taïti, et aux îles de la Société, dix ou douze personnes vivent huit mois sur un espace de terre égal à un acre d'Angleterre, c’est-à-dire sur quarante-trois mille cinq cent soixante pieds carrés, au lieu que l’arpent qui est de cinquante-un mille cinq cent cinquante pieds carrés (mesure d’Angleterre), ne nourrit qu’un homme pendant six mois en France. D’après ce calcul, en prenant de part et d’autre les terrains les mieux cultivés, la population de Taïti est à celle de France à peu près comme dix-sept est à un ; de plus, supposons que sur toute l’île de Taïti quarante milles carrés anglais seulement soient plantés d’arbres à pain ; cette supposition n’est pas trop forte ; chaque mille étant composé de six cent quarante acres, quarante milles font vingt-cinq mille six cents acres : or dix à douze hommes vivent huit mois sur un acre, par conséquent trente-six hommes subsistent le même espace de temps sur trois acres, et vingt ou vingt-quatre trouveront leur subsistance pendant une année entière sur trois acres ; et sur toute l’étendue de vingt-cinq mille six cents acres, cent soixante-dix mille six cent soixante personnes, suivant la première supposition, ou deux cent trente-