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mais comme il y a seulement un on deux bâtimens de cette grandeur à chaque île, ce n’est pas la peine de changer notre supposition en mettant vingt hommes sur chaque pirogue de guerre : or le nombre de ceux qu’il faut pour défendre et manœuvrer douze cents bâtimens sera de vingt-quatre mille. Chacun des petits navires de convoi contenait environ cinq hommes ; par conséquent les équipages de toutes les petites pirogues des vingt-quatre cantons (en comptant vingt-cinq bâtimens par chaque canton), forment un nombre de trois mille, qui, ajoutés au complément des pirogues de guerre, donnent vingt-sept mille. Supposons d’ailleurs que chacun de ces hommes est marié, et qu’il a un enfant, le nombre total des insulaires sera donc de quatre-vingt-un mille. On conviendra que ce calcul est porté aussi bas qu’il est possible, et que le nombre des habitans de T’Obréonou est au moins double. En effet, tous ces insulaires ne sont pas guerriers, tous ne travaillent pas à la manœuvre des pirogues ; plusieurs vieillards restent d’ailleurs dans les habitations, et ce n’est sûrement pas assez de donner un enfant à chaque époux ; ils en ont ordinairement beaucoup plus. J’en ai vu six à huit dans plus d’une famille : Happaï, père d’O-tou, roi actuel de T’Obréonou, en avait huit, dont sept vivaient quand nous relâchâmes à Taïti : plusieurs autres familles avaient de trois à cinq enfans.

» On demandera peut-être comment une si