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chemins bordés d’insulaires, sans cependant qu’aucune des habitations fût déserte, et quoique nous eussions laissé d’ailleurs une foule nombreuse sur les rivages vis-à-vis du vaisseau. La population est extraordinaire dans cette métropole des îles du tropique, et tout concourt à l’augmenter.

» Le climat est doux et tempéré, et les brises de terre et de mer, en modérant l’action trop vive du soleil, excitent le développement des végétaux : cette heureuse combinaison est en quelque manière aussi favorable à l’organisation humaine. Telle est la profusion des excellens fruits qui y croissent sans culture, que personne n’est embarrassé de pourvoir à sa subsistance. La mer est d’ailleurs une immense ressource pour les habitans de cette île et pour ceux de toutes les îles de la Société : ils prennent une grande quantité de très-gros poissons, de coquillages, d’oursins de mer, d’écrevisses, et plusieurs espèces de mollusques le long des récifs, le jour et la nuit : ils vont souvent sur les Îles-Basses, situées à quelques lieues au large, pour en rapporter des cavallas (sorte de petits poissons), des tortues et des oiseaux aquatiques. Autour de chaque maison ou cabane on voit un chien, des coqs et des poules, souvent deux ou trois cochons. L’écorce du mûrier à papier, l’arbre à pain, et d’autres, fournissent la matière d’une étoffe légère et chaude, dont on fabrique différentes qualités que l’on teint de diverses couleurs, et dont on