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foncent par milliers dans des trous sous terre : ils y nourrissent leurs petits, et ils s’y retirent toutes les nuits. L’espèce la plus prolifique du grand Océan est celle des canards, qui font plusieurs œufs par couvée ; et quoique les nigauds, les manchots et les pétrels n’en fassent qu’un ou deux, ou tout au plus trois à la fois, cependant, comme on ne les trouble jamais, et qu’ils se tiennent toujours en troupes considérables, ils sont devenus les plus communs et les plus nombreux : les espèces de poissons les plus agréables à manger sont aussi les plus prolifiques ; mais il faut observer qu’aucune île du grand Océan n’offre autant de poissons que la Nouvelle-Zélande : voilà pourquoi le poisson est devenu la principale nourriture des naturels, qui ont trouvé cette manière de se nourrir plus commode et plus aisée, et par conséquent plus analogue à ce caractère indolent qu’ils partagent avec toutes les nations barbares.

» Il ne paraît pas que les individus du règne animal soient aussi sujets à varier dans le grand Océan que ceux du règne végétal : d’abord la domesticité, qui a fait dégénérer tant d’espèces parmi nous, est ici bornée à trois, celle du cochon, du chien et du coq ; secondement, cette domesticité ne diffère guère de l’état de nature. Les cochons et la plupart des volailles rôdent à leur gré tout le jour. Les volailles surtout font ce qu’elles veulent, car elles vivent uniquement de ce qu’elles recueillent, et on ne leur donne pas de nourriture régulière ; les insulaires, n’en-