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surpasse de beaucoup celui des autres. Dans les Nouvelles-Hébrides, plus à l’ouest, le pays étant fort boisé partout, il est devenu très-difficile de mettre la terre en culture ; c’est pour cela qu’on y élève seulement les plantes les plus nécessaires, et que les mœurs des habitans sont plus grossières et plus sauvages : le sol de la Nouvelle-Calédonie paraît aussi être stérile, et récompenser faiblement les peines d’une population peu nombreuse.

» On a observé depuis long-temps que la culture ôte souvent aux plantes la faculté de se propager par semence ; cette remarque est confirmée par ce que nous avons vu dans ces îles, et surtout par l’exemple de l’arbre à pain, dont les pépins sont amaigris et perdus dans la grande quantité de pulpe farineuse : il en est de même de la banane, qui quelquefois conserve à peine des embryons de pépins. Le monbin de Taïti contient une capsule dure, dont les loges sont ordinairement vides ; le gardenia et l’hibiscus rosa sinensis donnent presque toujours des fleurs où le nombre des pétales se multiplie, et aucune d’elles ne produit de la graine ; mais le mûrier à papier est le plus extraordinaire de tous, car il ne fleurit jamais sur ces îles ; la raison en est simple : les naturels ne le laissent jamais croître jusqu’au temps des fleurs, parce qu’alors l’écorce leur serait inutile.

» L’extrême fertilité du sol de quelques-unes des îles du tropique est peut-être une des