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la même espèce de plante, dont les extrêmes auraient formé à nos yeux de nouvelles espèces, si nous n’avions pas connu les intermédiaires qui les unissent et qui en montrent la gradation. J’ai toujours remarqué que les parties les plus sujettes à varier sont les feuilles, les poils et quelques-uns des pédoncules de la fleur, et que toutes les parties de la fructification sont ce qu’il y a de plus constant : cette règle, ainsi que toutes les autres, n’est pourtant pas sans exception, et les variétés qui proviennent du sol y produisent quelquefois des différences ; mais elles sont trop peu considérables pour être rapportées. Un climat froid ou une exposition élevée réduisent un arbre à la taille d’un arbrisseau, et vice versa ; un sol sablonneux ou pierreux produit des feuilles succulentes, et donne de pareilles feuilles à des plantes qui, dans un sol gras, en ont de maigres et de flasques : une plante qui est très-amère dans un terrain sec perd toute son âcreté quand on la trouve dans un canton plus humide ; ce qui cause souvent de la différence parmi les variétés de la même espèce aux îles des Amis et sur les montagnes des îles de la Société ; car les premières, n’étant pas très-hautes, sont moins humides que celles des dernières terres, couvertes souvent de brumes et de brouillards.

» On sait que la culture produit de grandes variétés dans les plantes ; mais on le remarque surtout dans les îles du tropique du grand