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La première que nous examinâmes était dans le jabot d’un pigeon que nous venions de tuer : ce pigeon était de l’espèce qui, suivant Rumphius, sème les véritables muscades dans les îles des Indes orientales ; elle était entourée d’une membrane d’un rouge brillant, connue sous le nom de macis. La noix avait la même couleur que la véritable muscade, mais elle était d’une forme plus oblongue, d’une saveur piquante et fortement aromatique, et n’avait point d’odeur. Les naturels nous en apportèrent ensuite d’autres. Quiros a donc raison de compter la muscade au nombre des productions de la Terre du Saint-Esprit, ce qui est une nouvelle preuve de la véracité de ce hardi navigateur ; et comme il dit aussi que l’argent, l’ébène, le poivre et la cannelle sont des productions de cette terre et des îles voisines, il est probable qu’on y en trouvera.

On rencontre peu de végétaux sur les îles basses, parce qu’elles sont extrêmement petites ; cependant nous n’avons débarqué sur aucune sans y en découvrir de nouveaux. L’île Sauvage n’est qu’une île basse, élevée de quelques pieds au-dessus de l’eau ; les rochers nus de corail dont elle est composée en attestent bien l’origine : ils offrent de nouvelles plantes qui croissent dans les fentes du corail sans la moindre portion de terre. Nous aurions pu rassembler dans l’intérieur plusieurs végétaux rares ; mais le caractère farouche des naturels nous en a empêchés.