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croissent très-bien au milieu de l’hiver. La Flore indigène est très-féconde, et la variété des genres nouveaux et des espèces nouvelles considérable ; mais l’industrie n’ayant peut-être jamais fait sentir son influence à ce pays depuis sa première existence, les forêts y sont de véritables labyrinthes, rendus presque impénétrables par une quantité innombrable de liserons, de buissons et d’arbrisseaux entrelacés, qui d’ailleurs empêchent en grande partie les plantes herbacées de croître. Ces dernières ne se trouvent que sur les bords des forêts, et consistent principalement en végétaux antiscorbutiques et en herbes potagères.

» À mesure que l’on va au sud, l’aspect des terres devient de plus en plus stérile : la Terre du Feu, à l’extrémité méridionale de l’Amérique, gémit sous les rigueurs du froid ; toutes ses côtes occidentales offrent des montagnes de roches pelées, dont les sommets sont toujours couverts de neige. Dans une baie où nous mouillâmes, au nord-ouest du cap Horn, on voit à peine quelques traces de végétation, excepté sur des îlots bas, couverts de petites plantes marécageuses, analogues aux mousses, et dans le fond des vallées ou dans les crevasses de montagnes, où l’on aperçoit de chétifs arbrisseaux, qui bien rarement s’élèvent assez haut pour mériter le nom d’arbres : les parties plus élevées des montagnes sont des rochers noirs entièrement nus. Dans le petit nombre de plantes qui naissent sur cette terre désolée, j’ai remarqué